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Les petites lectures de Géraldine

25 mars 2024

DELESALLE Nicolas - Valse russe

Résumé éditeur :Derrière la fenêtre de son compartiment, un Français d’origine russe regarde les forêts d’Ukraine défiler. Autour de son cou, une croix orthodoxe que lui a offerte sa mère. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de ses ancêtres, c’est sa mère russe qu’il porte contre sa poitrine.  
C’était déjà sa mère, et professeure de russe, qui l’accompagnait lors de son premier voyage scolaire à Kiev en pleine guerre froide. Ou, en tant qu’interprète, pour son premier reportage dans la Russie des années 2000. Aurait-il pu l’imaginer alors interrogée par le KGB à dix-sept ans à Sébastopol ?
À quelques centaines de kilomètres de ce train qui l’emmène aujourd’hui vers Kiev, un vieil Ukrainien marche sur un lac gelé. Lui aussi porte une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne se connaissent pas encore, mais bientôt ils vont partager un secret.  
Une valse à trois temps, pour approcher le mystère des origines, entre fierté, désenchantement et renoncement. Une quête littéraire, intime et universelle. Un regard unique.

Commentaire : La valse à 3 temps de Nicolas Delesalle est la suivante : « Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas. »

Le livre ne m'a pas emportée du tout. Il s'agit d'une série de rencontres poignantes; décrivant l'horreur de la guerre en Ukraine vue par un grand reporter. Mais ce journaliste raconte aussi ses origines, c'est un peu long, j'ai passé beaucoup de pages. L'histoire transversale, celle du vieux Sacha qui protège un jeune russe enrôlé dans les milices Wagner est assez touchante aussi, ils jouent aux échecs sur un lac gelé, j'ai retrouvé beaucoup de passages ressemblant au livre de Sylvain Tesson, "Dans les forêts de Sibérie", même si cette fois le récit se déroule en Ukraine. Je reconnais que la résonance du récit avec l'actualité brûlante de la guerre le rend vivant, et peut-être indispensable à certains pour une prise de conscience plus élargie. Mais je suis vraiment passée à côté du livre, je l'ai peut-être lu au mauvais moment.

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1 mars 2024

KOENIG Gaspard - Humus

Résumé éditeur: Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l'uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale. Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve.
Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, Gaspard Koenig raconte les paradoxes de notre temps - mobilité sociale et mépris de classe, promesse de progrès et insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque... Une histoire de terre et d'hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste.

 

Commentaire: Un livre que j'ai beaucoup aimé, à la fois en tant que roman assez prenant: les héros sont attachants, un peu manichéens, mais ils semblent réalistes, mais aussi grâce à son ancrage dans notre société contemporaine, axé sur la politique, la philo, l'écologie, le capitalisme. Gaspard Koenig transmet une certaine idéologie à travers ses personnages, plutôt désabusée !

En termes de roman, Kevin évolue donc dans l'entreprise de vermicompostage qu'il a fondée avec son amie Philippine. Très ambitieuse, celle-ci ne cesse de chercher des fonds, de nouer des contrats avec des grandes entreprises, dont l'Oréal, sans se soucier de la faisabilité de ce qu'elle promet. Kevin découvre qu'elle envoie discrètement des cargaisons de matière organique dans un incinérateur car le rythme des vers de suffit pas. Il s'écrase devant le scandale à venir. Lorsqu'il paraît dans les journaux, il prend ses responsabilités devant son ex-collègue qui en vient même à l'accuser de harcèlement sexuel et s'enfuit parcourir la France en ermite. Quant à Arthur, désabusé par la société capitaliste qui court à sa fin, il prend la tête d'un groupuscule extrémiste qui vise à faire tomber les gouvernements à l'échelle mondiale. Le dernier chapitre a lieu en pleine guerre civile, devant le Sénat en train de brûler. Encerclé par la police, il avale un comprimé de cyanure, dans les bras de Kevin.

 

 

Citations du livre :

Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l’effondrement à venir.


Arthur récitait les chiffres de Jean-Marc Jancovici dit « Janco », l’ingénieur idolâtré par toute une jeunesse très sérieuse, cherchant à comprendre l’ampleur du désastre légué par leurs parents.


Henry David Thoreau, qui était parti vivre quelques années en semi-ermite sur les berges de l’étang de Walden, au fin fond du Massachusetts. En voilà un qui avait poussé le dépouillement jusqu’à ses ultimes conséquences.


Il admirait sa culture sans trop en comprendre l’intérêt. Il se sentait toujours d’accord sans avoir envie d’explorer la contradiction. Il imaginait combien cette indignation permanente devait être fatigante et offrait à son ami ce qu’il possédait de plus précieux : une présence épaisse, fidèle, rassérénante.


cadre à la carrière linéaire, à l’esprit agile mais étroit 


le principe du capital est de mettre le monde en mouvement, en permettant à des nouvelles idées de trouver du vieil argent.


En démocratie, pensa Arthur, le pouvoir accorde à ses opposants le plus vicieux des privilèges : l’illusion de la révolte. Une révolte tolérée, confortable et donc bénigne. Au moins, en Russie ou en Chine, on joue sa liberté sur un tweet. Ici, on se contente de l’épuiser.


De manière plus générale, critiquer dans les moindres détails tous les attributs de la réussite, afin de bien montrer qu’on les possède.
 

28 février 2024

RIVIERE Tiphaine - La distinction

Résumé éditeur : Dans ce qui est désormais un classique, Pierre Bourdieu décryptait les liens entre goûts et classes sociales. T. Rivière en propose une relecture contemporaine en explicitant avec humour des concepts fondamentaux. Un prof, des jeunes et des couples s'interrogent, s'observent et discutent de ce qui fait leurs choix et le libre arbitre.

Commentaire : Ce roman graphique permet d'illustrer et comprendre le livre de Pierre Bourdieu, à la fois grâce à des extraits du livre expliqué par le professeur de lycée, mais aussi par des situations de conflits de classe vécues par les protagonistes. 

L’auteure a choisi de représenter le déterminisme social à travers le portrait de plusieurs lycéens de banlieue parisienne. Ces lycéens étudient le livre de Pierre Bourdieu, la distinction avec leur nouveau professeur, M. Koëtker, aussitôt rebaptisé Kekette.
Chaque élève à sa manière, et le professeur lui-même illustre la théorie de Bourdieu, à savoir que la classe sociale dans laquelle on naît façonne nos goûts, nos manières de penser, nos désirs, notre rapport au travail, nos aspirations, nos valeurs politiques, tout ce qui nous constitue, jusqu’à notre façon de manger, de se faire des amis et de partir en vacances.
Les classes dominantes établissent consciemment ou inconsciemment un système qui rend les passages d’une classe à l’autre extrêmement difficiles.
Finalement les élèves s’intéressent à ces théories, le livre agit comme une psychanalyse.
Un ensemble de comportements en sociologie s’appelle l’habitus.
Un goût libre implique une distance à la nécessité. Ainsi le goût des prolétaires se forme à aimer ce à quoi ils sont condamnés et qui est dans leur champ de possible : les choses utiles faciles à nettoyer ou robuste. L’idée même de goût est typiquement bourgeoise puisqu’elle suppose une liberté à absolue du choix.
L’argent n’a rien à voir: des intellectuels désargenté sont partie intégrante des classes dominantes.
Les petits bourgeois: des gens qui ont plus que des prolétaires, mais à peine, et qui font tout pour qu’on ne les confonde pas avec. Ils font bcp d’efforts et ils ne veulent pas que le système s’effondre, donc ils veulent que rien de change, ils sont très sensible à l’ordre.
Quant aux bourgeois, ils veulent aussi que rien ne change, ils n’aiment pas l’art moderne car ils veulent éviter les excès qui déstabilisent l’ordre des choses.
Alors que les artistes et les intellectuels cherchent des points de rupture, de bascule.
C’est pourquoi politiquement ces bourgeois peuvent s’allier aux classes populaires contre les bourgeois.
Le grand bourgeois se caractérise par l’assurance tranquille avec laquelle il évolue dans un système qu’il maîtrise. Il peut même transgresser les règles car c’est sa classe sociale qui décide ce qui est légitime.
Pour les bourgeois il suffit de faire de petits efforts pour changer de classe.
A mesure que croît la distance objective a la nécessité, le style de vie devient toujours davantage le produit d’une stylisation de la vie : choix d’un millésime, déco d’une maison de campagne, etc.
Les petits bourgeois ne savent pas jouer comme un jeu le jeu de la culture. Ils la prennent trop au sérieux pour échapper à l’anxiété permanente de l’ignorance ou de la bévue. Ils identifient la culture au savoir, ils ne peuvent pas croire qu’elle se réduit à un rapport à la culture.
Ils ne peuvent soupçonner l’assurance irresponsable, la désinvolture insolente ou la malhonnêteté cachée que suppose la moindre page d’un essai inspiré sur la philosophie, l’art ou la littérature.
Hommes de l’acquis, ils ne peuvent entretenir avec la culture la même relation de familiarité que ceux qui lui sont liés par la naissance.
Le petit bourgeois est un prolétaire qui se fait petit pour devenir bourgeois. Il a une soif presque insatiable de techniques ou de règles de conduite qui porte à soumettre toute l’existence à une discipline rigoureuse et à se gouverner en toutes choses par principes et préceptes. Il emploie des prodiges d’énergie et d’ingéniosité pour vivre au dessus de ses moyens (il a des « trucs » et astuces.
Assuré qu’il ne doit sa position qu’à son mérite, le petit bourgeois est convaincu qu’on ne doit compter que sur soi pour faire son salut: chacun pour soi, chacun chez soi.
 
Au trivial poursuit, toutes les cultures se valent, mais pas dans notre société : culture légitime et moins légitime : biographie de rois de France versus répertoire intégral des paroles des chansons françaises, pas les mêmes chances pour HEC
Parents prolétaires qui encouragent à devenir infirmière plutôt que médecin: pas dans sa personnalité, études trop longues, a paris il y a des grosses grosses têtes entrainées rien que pour ça, alors qu'elle, elle est bonne maths mais pas non plus une bête à concours.
Dans le grand jeu des classes sociales, les classes dominantes élaborent des stratégies de conservation. tout est fait - consciemment ou inconsciemment pour censurer les classes moyennes et inférieures, pour qu'elles se disent "c'est pas pour moi"
Le roman se termine de manière plutôt positive: ce n'est pas forcément la panacée de faire partie des classes dominantes, qui n'arrivent pas à devenir amis avec tout le monde, et sont enfermés dans leur classe sociale. 
Les 3 lycéens osent entrer au Louvre pour un cours de dessin "entrée libre et gratuite", malgré les regards désobligeants.
 
En conclusion : "On est peut-être des chips au milieu des macarons mais à partir de maintenant on sera toujours là, collés au fond de la boîte."
Pour moi ce roman est une révélation sur la sociologie, il m'a passionnée. Je n'aurais pas osé lire Bourdieu :-) :-)
 
J'ai aussi beaucoup aimé les illustrations, en compléments des textes, elles montrent des activités, des détails, liés aux différents milieux sociaux. 
 
 

 

21 février 2024

Veronesi Sandro, De Angelis Edoardo - Commandant

Résumé éditeur : Gibraltar, 3 octobre 1940. Salvatore Todaro, le Commandant du Cappellini, sous-marinier de la Marine italienne, doit décider de la profondeur de navigation. Franchir le détroit de Gibraltar expose au plus grand des dangers, les Anglais tirent en continu. Mais Todaro a l'habitude des missions périlleuses. Et celle-ci n'est pas des moindres : tendre une embuscade au milieu de l'Atlantique. Après des jours d'ennui et de diagonales inutiles, un navire est enfin repéré.
Un cargo commercial. Il navigue dans la zone identifiée, tous feux éteints. Son pavillon demeure invisible. Mais l'Enseigne de vaisseau distingue un canon sur son pont. Todaro n'hésite pas : il le torpille. Bientôt, des ennemis rejoignent le périmètre du sous-marin à la nage. " Commandant, qu'est-ce qu'on fait ? " . Cette question, Todaro se la pose depuis des jours. Il prend alors la décision, enfreignant tous les ordres reçus, de secourir ceux qui étaient jusqu'à présent des adversaires et qu'il considère désormais comme des naufragés.
De là, une cohabitation de plusieurs jours dans un espace exigu met les nerfs de son équipage à rude épreuve. Ainsi chargé, le sous-marin ne peut plus s'immerger, faisant prendre tous les risques à ses propres hommes... A travers les voix de plusieurs membres de l'équipage, Sandro Veronesi, avec le réalisateur italien Edoardo de Angelis, reconstruit cet épisode bien réel de la Seconde Guerre mondiale, avec toute la puissance narrative qui est la sienne.
Le Commandant Todaro, sous leur plume, devient un personnage inoubliable d'humanité et de force de caractère. Car sauver des vies en mer n'est pas seulement une obligation légale, mais bien une obligation morale, comme le proclame le Commandant : "Nous sommes des marins, des marins italiens, nous avons deux mille ans de civilisation derrière nous, et nous agissons en conséquence"

 

Commentaire: Un court livre, très prenant. Nous le vivons aux côtés du commandant et de ses matelots, à l'intérieur d'un sous-marin assez fragile, et sous le feu ennemi. Contrairement aux romans habituels, il nous place du côté des italiens et donc des Allemands, contre les Anglais. L'ennemi est donc anglais. Mais devant la bravoure du capitaine, le commandant anglais lève les armes et accepte que le sous-marin dépose les naufragés. Le roman illustre la bravoure du capitaine, les codes d'honneur de l'armée.

Il est très bien écrit, les personnages bine brossés. A lire absilutment !

15 janvier 2024

LINDGREN Astrid - Les Enfants de l'Archipel

Résumé éditeur : Sur un coup de tête, Merkel Merkenson, veuf et père de quatre enfants, a loué une maison pour les vacances sur Saltkråkan, une petite île au large de Stockholm.
La tribu se compose de Malin (19 ans) la grande soeur qui gère le foyer, Yohan (13 ans), Niklas (12 ans) et Pelle (7 ans). Les citadins débarquent sans rien connaître à la vie des îliens, mais ils sont pleins de bonne volonté et apprennent vite au gré de leurs aventures. Surtout, ils sont si sympathiques, que les habitants locaux les considèrent bientôt comme de vrais amis.
L'espace d'un été, les Merkensons deviennent membres à part entière de la petite communauté de Saltkråkan.

Ils découvrent un mode de vie insulaire, l’art de scruter la météo et le vent, de pêcher, de construire des cabanes et de se repérer dans les îlots de l’archipel. Mais surtout, ils partagent des moments inoubliables.

Commentaire : Livre lu avec Martin, un peu chaque soir. Nous avons tous les 2 adoré.

L'île de Saltkrakan devient magique grâce à la présence des enfants, de leurs bêtises, de leur douce impertinence, de leur incompréhension de certaines réactions d'adulte.. souvent à juste titre!

Le récit est plein d'humour, de bons sentiments sans devenir mièvre, et les adultes en prennent pour leur grade! Les vacances des enfants consistaient à passer leurs journées entières dehors, à explorer, expérimenter et rencontrer. Les adultes leur laissaient vivre leur vie! Et même partir seuls en bateau à 5h du matin. Ils se contentent de peu de choses et se réjouissent de chaque petit bonheur.

A la fin du roman, la famille parvient à racheter la maison du menuisier, pour le plus grand bonheur des enfants et de toute la communauté!

Un excellent roman que chaque enfant ou grand enfant devrait lire !

On comprend pourquoi Astrid Lindgren a reçu le prix Nobel de littérature jeunesse pour l'ensemble de son œuvre!

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10 janvier 2024

ARDONE Viola, Le Choix

Résumé éditeur: Martorana, un petit village de la Sicile des années 1960. À quinze ans, Oliva Denaro rêve de liberté. Elle étudie le latin et aime découvrir dans le dictionnaire des mots rares qui l’aident à formuler ses pensées encore confuses. Elle aime courir à en perdre le souffle, aller à la chasse aux escargots avec son père, viser avec son lance-pierre ceux qui se moquent de son ami Saro.
Aussi, quand les conventions l’obligent à se soumettre à une loi ancestrale, Oliva se rebelle et fait valoir son droit de choisir. Au risque d’en payer le prix fort.
Après le succès du Train des enfants, Viola Ardone confirme son talent à mêler fiction et Histoire en donnant dans ce nouveau roman une voix singulière, inoubliable, à ses personnages.
«Viola Ardone raconte la grande Histoire et la petite histoire, nous parle d'hommes et de femmes, d'honneur et de réputation, de lois à abolir. Un roman puissant où chaque personnage mériterait des pages entières et dont la protagoniste s’inscrit très profondément dans nos cœurs.» Marie Claire
«Le style de Viola Ardone est une voix unique, avec ce phrasé aérien, et cet italien métissé de dialecte qui conserve certaines de ses constructions insolites et délicieuses.» Elle
«Vous n’oublierez pas l'entêtement d'Oliva et les quelques mots de son père résonneront longtemps en vous. Cet homme grâce auquel Oliva trouve le courage obstiné de changer l'Histoire. Un livre à lire. Et à raconter.» Libero

Commentaire: Oliva grandit dans une famille très modeste d'un petit village sicilien. Sa mère ne l'éduque qu'ne lui inculquant les règles à ne pas enfreindre pour être une fille respectable, son père est un taiseux. Elle admire sa maîtresse, Rosaria une femme qui travaille, il y en a si peu. Elle envie la liberté de son frère jumeau. Le jour où le fils du pâtissier décide de s'emparer d'Oliva, tout bascule, elle fait tout pour s'en éloigner, mais il finit par l'enlever et la violer. « Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse » lui a répété si souvent sa mère. Elle doit l'épouser ou porter plainte, ce que tout le monde lui déconseille. Le puits de son père est ainsi empoisonné, l'intimidation bat son plein. Elle fait le choix de porter plainte, même déconseillé par son avocat. Le procès aboutit mais aucune peine n'est envisagée.

Oliva ne se remet jamais vraiment du viol, de son exclusion de la société, pourtant elle voit les jeunes femmes malheureuses, battues qui rêvent de son destin et qui l'admirent sans le dire d'avoir osé dire non.

J'ai adoré ce roman: la pression sociale du village sicilien, les paysages, la naissance du communisme et du féminisme. Cette famille ballotée entre le devoir, l'oppression du village, et la protection de leur fille, un peu rebelle et différente est très attachante. La condition des femmes est compliquée, il faut choisir son camp. Certaines femmes se serrent les coudes et d'autres s'empêtrent dans les traduction et le devoir social, au détriment de leur liberté.

J'avais déjà adoré "Le train des enfants", celui-ci, plus axé sur le féminisme est à conseiller !

30 décembre 2023

O'FARRELL Maggie - Le portrait de mariage

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Résumé éditeur : Après Hamnet, Maggie O’Farrell nous entraîne dans la Renaissance italienne pour redonner vie à une femme libre, rebelle, incomprise. Portée par une écriture d’une beauté inouïe, une œuvre lumineuse et poignante.
C’est un grand jour à Ferrare. On y célèbre les noces du duc Alfonso et de Lucrèce de Médicis. La fête est extravagante et la foule n’a d’yeux que pour le couple.
La mariée a quinze ans. Rien ne l’avait préparée à ce rôle. Elle n’était que la troisième fille du grand duc de Toscane, la discrète, la sensible, celle dont ses parents ne savaient que faire. Mais le décès soudain de sœur aînée a changé son histoire.
La fête est finie, Lucrèce est seule dans un palais immense et froid. Seule face aux intrigues de la cour. Seule face à cet homme aussi charismatique que terrifiant qu’est son mari.
Et tandis que Lucrèce pose pour le portrait de mariage qui figera son image pour l’éternité, elle voit se dessiner ce que l’on attend d’elle : donner vie à un héritier. Son propre destin en dépend…

Commentaire : Un beau roman, très prenant, qui nous emmène dans les chateaux et résidences d'été des ducs de Toscane. La jeune Lucrèce est une enfant originale, passionnée par les animaux, la nature et la peinture. Elle refuse de quitter une famille stable et plutôt aimante (seon les critères de l'époque bien sûr !) pour se marier avec un duc de 27 ans. Celui-ci est plutôt doux et attentionné à son égard, mais au fil de l'histoire il se révèle très changeant, autoritaire et violent. Son seul objectif est d'engendrer un héritier et il a choisi Lucrèce dans ce but, elle est la fille de la célèbre Fecundissima. Il règne avec brutalité sur son duché. Les parents de Lucrèce restent sourds à ses appels à l'aide lorsqu'elle se sent en danger. En effet, sa belle-soeur, seule amie au chateau, s'enfuit après que son frère ait assassiné sous ses yeux son amant. Lucrèce se voit enfermée dans sa chambre, cheveux coupés et interdite de toute distraction artistique qui la détournerait de son but ultime: donner naissance à un héritier. Son mari l'emmène un soir hors du chateau, dans une forteresse, et l'empoisonne. Elle survit à l'empoisonnement et réussit à s'enfuir avant que le duc et son homme de main ne viennent l'étouffer dans son lit. Ils la confondent avec sa servante, sa soeur de lait. Lucrèce s'enfuit avec l'apprenti du peintre, qu'elle avait auparavant sauvé de la mort.

Un roman, plutôt "filles" mais bien documenté, au rythme prenant et envoûtant!

 

 

5 novembre 2023

PIACENTINI Elena - Les Silences d'Ogliano

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Résumé éditeur : La fête bat son plein à la Villa rose pour la célébration de fin d’études de Raffaele, héritier de la riche famille des Delezio. Tout le village est réuni pour l’occasion : le baron Delezio bien sûr ; sa femme, la jeune et divine Tessa, vers laquelle tous les regards sont tournés ; César, ancien carabinier devenu bijoutier, qui est comme un père pour le jeune Libero ; et bien d’autres. Pourtant les festivités sont interrompues par un drame. Au petit matin, les événements s’enchaînent. Ils conduisent Libero sur les hauteurs de l’Argentu au péril de sa vie.
Situé au cœur d’un Sud imaginaire, aux lourds secrets transmis de génération en génération, "Les Silences d’Ogliano" est un roman d’aventures autour de l’accession à l’âge adulte et des bouleversements que ce passage induit. Un roman sur l’injustice d’être né dans un clan plutôt qu’un autre – de faire partie d’une classe, d’une lignée plutôt qu’une autre – et sur la volonté de changer le monde. L’ensemble forme une fresque humaine, une mosaïque de personnages qui se sont tus trop longtemps sous l’omerta de leur famille et de leurs origines. Placée sous le haut patronage de l’"Antigone" de Sophocle, voici donc l’histoire d’Ogliano et de toutes celles et ceux qui en composent les murs, les hauts plateaux, les cimetières, les grottes, la grandeur.

Commentaire : J'ai tout aimé dans ce roman ! L'ambiance lourde du petit village, que l'on imagine en Italie ou en Sicile, les personnages, tous assez tranchés mais ayant finalement chacun une part d'ombre ou d'altruisme.. les secrets sont dévoilés au fil du roman; et la part d'aventure qui nous empêche de lâcher le livre.

Le héros Libero découvre son attirance pour Raffaele, ils partagent les mêmes idéaux. Tous 2 épris de justice, leurs géniteurs pataugent dans la mafia ou la baronnie tyrannique. En effet, Libero se lance à la poursuite de son ancien ami Gianni, qui a rejoint la mafia et enlève Raffaele pour en demander une rançon. Il parvient à libérer Raffaele mais il est déchiré par la mort de son ancien ami, fianlement manipulé par la nouvelle femme du baron, Tessa. C'est à ce moment qu'il découvre qu'il est le fils d'un ponte de la mafia locale. Mais sa mère et lui partagaient un véritable amour, et s'il a repris les rènes de la mafia, c'était pour les protéger. Bref les histoires se croisent, on est plongé dans ce beau roman, palpitant où les valeurs de liberté et d'égalité sont portées aux nues. Libero pourra finalement réaliser ses études de médecine pour "sauver des coeurs", observant de loin Raffaele, devenu juge anti-mafia, vivant sous escorte.

Bravo à l'autrice pour ce beau roman !

29 octobre 2023

HORVILLEUR Delphine - Il n’y a pas de Ajar

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Résumé éditeur : L'étau des obsessions identitaires, des tribalismes d'exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l'idée d'un " purement soi " , et d'une affiliation " authentique " à la nation, l'ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d'après l'auteure, une clé d'émancipation : Emile Ajar.
Cet homme n'existe pas... Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu'on n'est pas que ce que l'on dit qu'on est, qu'il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu'offre le texte de se glisser dans la peau d'un autre. J'ai imaginé à partir de lui un monologue contre l'identité, un seul-en-scène qui s'en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.
Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme...) affirme qu'il est Abraham Ajar, le fils d'Emile, rejeton d'une entourloupe littéraire. Il demande ainsi au lecteur/spectateur qui lui rend visite dans une cave, le célèbre " trou juif " de La Vie devant soi : es-tu l'enfant de ta lignée ou celui des livres que tu as lus ? Es-tu sûr de l'identité que tu prétends incarner ? En s'adressant directement à un mystérieux interlocuteur, Abraham Ajar revisite l'univers de Romain Gary, mais aussi celui de la kabbale, de la Bible, de l'humour juif...

Commentaire : Delphine Horvilleur défend la théorie qu’il n’y a pas d’identité définitive.

Son point de départ est Romain Gary, qui a également écrit sous le pseudonyme d’Emile Ajar, secret bien gardé jusqu’à sa mort. Les journalistes de l’époque avaient identifié deux styles différents. On peut avoir plusieurs identités et elles peuvent évoluer au fur et à mesure du temps.

Cette réflexion s’étend à l’identité juive et aux extrémistes religieux. 

Elle souligne que l’AdN ne suffit pas: le génome n’a pas le dernier mot (cf comportement des souris avec l’ail) et c’est le chemin que l’on parcourt qui nous forge.

Une réflexion courte, intéressante et de bon niveau, qui incite à évoluer, ne pas se replier sur soi même (l’entre-soi est compréhensible mais ne suffit pas: il faut avoir conscience des autres)

Le ton est assez léger, on sent que Delphine Horvilleur maîtrise l'art de conter, elle a "du fond" et de l'humour.

28 octobre 2023

CLAUDEL Philippe - Inhumaines

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Résumé éditeur : Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.

Commentaire : Très dérangeant, Claudel dit lui-même que ce livre est écrit par un esprit dérangé. Tellement dérangé de voir comment évolue le monde, qu’il préfère en rire.

Donc effectivement c’est très cynique, drôle sans plus, les premières nouvelles sont étonnantes et puis la même recette est appliquée aux suivantes. En revanche, les nouvelles sont courtes et leur chute est toujours assez savoureuse. Le cadre bourgeois et entreprise fait penser à Voutch.  Bref, intéressant à lire pour découvrir une autre facette de Claudel!

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Les petites lectures de Géraldine
  • Liste et petits résumés de mes lectures... Attention, ne pas lire les résumés jusqu'au bout car je révèle parfois la fin! Ce blog est destiné à me remémorer ce que j'ai aimé dans une lecture, les soubresauts d'une histoire, etc.
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