MAY Peter - Les disparus du phare

Il y a comme un air de déjà vu au début de ce polar : un homme se réveille, échoué et blessé sur une plage des côtes écossaises. On pressent qu'il a perdu la mémoire... Bingo ! Il n'a aucun souvenir de ce qui a pu l'amener ici et ne sait absolument pas qui il est. Naturellement, il n'en dit rien à personne, mais il décide d'enquêter sur lui-même. Une dame qu'il est sensé connaître le conduit à sa maison au bord de la plage, dans un écrin sauvage avec une vue à couper le souffle. Là-bas, c'est son chien fou de joie qui l'accueille, mais aussi une voisine très attirante... Il apprend qu'il est venu sur cette île afin d'écrire un livre sur trois gardiens de phare disparus mystérieusement un siècle plus tôt, sur les petites îles Flannan. Pourtant, le héros est envahi par un malaise plus profond, le sentiment que quelque chose de grave s'est passé. Il se sent menacé et ses suspicions se concrétisent lorsqu'il se fait attaquer par des inconnus.

L'histoire se poursuit un peu plus loin à Edimbourg, avec une adolescence mal dans sa peau, en rupture avec sa mère. Elle-aussi enquête, mais sur le suicide brutal de son papa, chercheur en génétique et neurosciences. Une dimension politique et écologique s'ajoute au roman, instructive et bien menée.

Le récit alterne donc ces deux enquêtes, mêlant action et rebondissements, dans le cadre magique des îles sauvages écossaises, très bien dépeintes par l'auteur. Mention spéciale pour la belle couverture des Editions du Rouergue, qui retranscrit parfaitement cet univers sauvage et tourmenté.

Très agréables à lire, les pages se tournent facilement. C'est probablement la casquette de scénariste de l'auteur qui a insufflé cette particularité de l'action régulière, tenant en haleine le lecteur. Cependant, le spectre du scénario ne se limite pas à l'enquête, les décors et personnages sont travaillés et variés, mais la nature déchaînée reste la véritable héroïne et détache l'auteur du lot des écrivains de thrillers. On aboutit à un polar "soft" mais de bonne qualité. Il ne contentera peut-être pas les fans du genre, mais personnellement je préfère une belle écriture, de l'action et un cadre travaillé, plutôt qu'une surenchère d'efficacité et de sensationnalisme.

Livre lu dans le cadre du grand Prix des Lectrices Elle (numéro de novembre 2016). Note : 18/20