NOLLET Estelle - Quand j'étais vivant

Résumé (issu de Version Fémina): Dans un lieu indéfini, antichambre du néant, quatre personnages liés par leur décès simultané, se retrouvent et visionnent des vidéos de leur vie. Il y a là Harrison, l'homme blanc qui a hérité de la réserve africaine de son père, Juma le jeune albinos persécuté et recueilli par Harrison, N'Dilo l'ami d'enfance de Harrison devenu le bras droit d'un chef de guerre et contrebandier sanguinaire, et Pearl une éléphante très proche de Harrison depuis qu'il a sauvé un de ses petits.
La tragédie qui les tient là tous ensemble va peu à peu se dévoiler, nourrie des massacres des éléphants, de la mort de la femme de Harrison, du trafic de l'ivoire, de celui des albinos et de la manne guerrière qu'ils représentent.

Un certain suspense tient le lecteur en haleine : qui a pu être à l'origine des tragédies ? Le premier carnage des éléphants piégé par les braconniers avec une grenade qui a tué Travis, la femme d'Harrison, et la tragédie finale, à savoir la mort de tous les protagonistes. La fin révèle qu'il s'agit de l'homme de main d'Harrison, Conrad, et du vétérinaire, qui s'associaient pour donner des informations aux braconniers sur l'emplacement des éléphants.

Estelle Nollet décrit la brutalité des rapports de force, la violence sans manichéisme, la beauté des émotions (celles des humains ou des animaux), aussi à l'aise à évoquer la vie sauvage qu'à décliner l'avidité et la bassesse.
L'Afrique qu'elle évoque devient à la fois le berceau et le fantasme d'un monde paradisiaque et le lieu de toutes les atrocités.

J'ai été déroutée par le début du roman: Des morts qui regardent leur vie, dont un éléphant qui parle. Mais l'histoire est passionnante, la description de l'Afrique semble tellement juste et réelle. L'écriture est très chouette, vive, parfois sans ponctuation pour accentuer une situation désespérée. C'est un livre dérangeant, qui se termine mal, et ne redonne pas espoir sur l'avenir de l'Afrique. Il me semble que l'auteur a voulu dénoncer et réveiller les consciences, avec un certain fatalisme. A lire absolument !