THILLIEZ Franck - Rêver

Abigaël exerce le métier de psychologue, apportant son expertise aux gendarmes sur des affaires criminelles. Travailleuse et clairvoyante, elle excelle dans son travail malgré un lourd handicap: la narcolepsie. Son traitement lui permet désormais d'éviter les crises d'hypnagogie paralysantes qu'elle subissait étant petite mais ne la dispense pas de quelques siestes inopinées durant la journée.

Elle enquête ici sur la disparition de trois enfants dans le nord de la France. D'après son analyse, les enfants seraient toujours vivants, ce qui entraîne les gendarmes dans une infernale course contre la montre pour les retrouver.

Au cours de l'enquête, son père l'enjoint de prendre quelques jours de repos avec lui, mais sur la route un terrible accident se produit. Il fonce dans un arbre, se tuant en même temps que la fille de 14 ans d'Abigaël. Cette dernière est retrouvée inconsciente, mais sans aucune égratignure à côté de la voiture. Très choquée, elle tente de reprendre l'enquête mais découvre peu à peu de multiples incohérences autour de son accident. De plus, elle réalise que la vie de jeune retraité de son père était en fait une couverture. Alors qu'elle remue le passé trouble de son père, Abigaël est agressée par de mystérieux individus. Parallèlement, sa maladie s'aggrave à nouveau. Ses cauchemars deviennent si réels qu'elle ne fait plus la différence entre sa vie éveillée et ses rêves, dans lesquels le kidnappeur d'enfants lui apparaît parfois. En outre, elle commence à perdre la mémoire, oubliant peu à peu des pans entiers de sa vie. Son compagnon Frédéric, un gendarme qui enquête lui-aussi sur la disparition des enfants, s'inquiète de son état qui empire et la met sur la touche contre son gré. Abigaël s'obstine cependant et poursuit seule ses investigations.

Le vrai point fort de ce livre réside dans son architecture très étudiée: le scénario est tortueux, très bien ficelé. L'auteur utilise à merveille tous les ingrédients classiques du polar: les pages se tournent très vite, le stress monte, les chapitres se succèdent dans un désordre chronologique déstabilisant. Franck Thilliez agite sa baguette maléfique, on sent qu'il s'amuse avec le lecteur perdu et inquiet ! L'enquête peut même se poursuivre sur le web grâce à un code qu'il faut dénicher dans les 600 pages, permettant d'accéder à un chapitre-clé.

De mon point de vue, ce polar est un classique du genre, à vocation commerciale plus que littéraire. Pour les amateurs de polars efficaces, tout est là, il me semble qu'ils y trouveront leur compte. Pour ma part, je recherche plutôt l'originalité du thème, la finesse d'écriture et de suggestion, l'évolution psychologique des personnages, et là je reste vraiment sur ma faim.

En définitive, la mécanique est bien huilée, et bien qu'il ne soit pas désagréable, ce livre s'oublie aussi vite qu'on l'a lu... Même si l'on ne souffre pas soi-même de narcolepsie comme l'héroïne !

Livre lu dans le cadre du grand Prix des Lectrices Elle (numéro d'octobre 2016). Note : 13/20