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Les petites lectures de Géraldine
4 décembre 2016

CHERFI Magyd – Ma part de Gaulois

Ma-part-de-Gaulois

Toulouse, 1970. Bienvenue dans les quartiers nord, cité miséreuse et exsangue qui semble abandonnée par la France ! Notre guide est Magyd Cherfi, le chanteur du groupe Zebda, qui retrace son adolescence.

Passionné de littérature française, de théâtre et de poésie, Magyd est la fierté de sa mère, mais attise surtout la haine de ses congénères.  Puisque lire équivaut dans le quartier à essayer de devenir Français, c’est un affront qu'on ne lui pardonne pas. Les insultes et coups de poing pleuvent. Magyd maudit l’illusion qu’un livre puisse vous sauver. Non, « un livre quartier nord ça vous écourte le passage sur terre ».

Il raconte les familles nombreuses et pauvres où règne la violence, bien loin de l'intégration républicaine. Magyd en vient à haïr ses congénères arabes qui ne briguent que l’échec scolaire et la domination par la brutalité, la misère rendant prédateur.

Les filles ne sont pas en reste, rongées par l’humiliation domestique, battues et rendues esclaves de ces hommes violents. Elles rêvent, en secret bien sûr, de garçons blonds, gentils et qui ne soient surtout pas arabes.  Magyd aussi a parfois besoin de changer d’air, de faire un petit tour « en France » chez ses amis du lycée. Le repos d’une compagnie sereine, sans haine, sans trouble identitaire.

Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est sa tournure inattendue : les Français de souche ne sont pas les oppresseurs, non. Selon Magyd Cherfi, ce sont bien les « Arabes » qui ne répandent qu’insultes et violence, car ils ne parviennent pas à trouver leur place ni leur identité propre. Pris dans un cercle vicieux, ils sont constamment ramenés à leur condition d'immigrés. C’est vers eux que Magyd dirige sa colère.

« Je suis Français, c’est sûr, puisque j’ai un diplôme » 

« La colère me rendait arabe…  Merde! La France s’éloigne »

Mais le récit reste très amusant. Les échanges hilarants entre les fous furieux de la cité qui ne savent qu’aligner les insultes en tout genre et la bande de Magyd, tentant de citer un écrivain sont un vrai délice. Cette ironie et cette prise de recul confèrent au livre une énergie et une autodérision toutes deux  très touchantes.

En revanche, l’écriture est déroutante, particulièrement au début du livre. Elle chante de l’accent du Sud et des cités, de tournures typiques. De l’authentique plus que du littéraire, certains pourront lui trouver du charme.

L’écriture foisonne aussi de superlatifs, de grand sentiments, à tel point que je me suis interrogée sur la sincérité de l’auteur, me demandant s’il n’exagérait pas un peu parfois. Ou si, à la manière de son article dans Libé après les attentats de Charlie hebdo, le texte n'était finalement qu'une grande métaphore.  La  vague impression qu’il agitait beaucoup les choses m'a parcourue.

Qui qu'il en soit, ce livre prenant et authentique permet d’ouvrir les yeux sur une réalité complètement décalée de la nôtre, et pourtant si près de nous, surtout en cette période d'attentats en France.

Livre lu dans le cadre du grand Prix des Lectrices Elle (numéro de février 2017). Note : 14/20 

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