SCHLINK Bernard - La Petite-fille

Résumé éditeur : À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu’il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l’Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance.
Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le conduit jusqu’à Svenja, qui mène une tout autre vie que lui : restée en Allemagne de l’Est, elle a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine une fille nommée Sigrun.
Kaspar serait prêt à voir en elles les membres d’une nouvelle famille. Mais leurs différences idéologiques font obstacle : comment comprendre qu’une adolescente, par ailleurs intelligente, puisse soutenir des théories complotistes et racistes ? Comment l’amour peut-il naître dans ce climat de méfiance et de haine ?
Cette rencontre contrariée entre un grand-père et sa petite-fille nous entraîne dans un passionnant voyage politique à travers l’histoire et les territoires...

Commentaire: J'ai adoré ce roman qui pour moi est celui de l'histoire de la réunification allemande. Il est très fin, oscille entre tristesse et espoir. Kaspar, le grand-père progressiste, offre sa culture à sa petite-fille, espérant la faire sortir du giron nationaliste dans lequel est enfermée et fanatisée. Son héroïne est Irma Grese, une tortionnaire d'Auschwitz ! Elle n'en démord pas. Kaspar ne peut être direct, au risque de gâcher leur relation. Il lui suggère de découvrir des oeuvres culturelles qui pourront éventuellement la faire réfléchir.. Mais les résultats se font difficilement sentir. Sigrun reste attachée à ses idées. Tiraillée entre son père violent et son grand-père, que tout oppose, Sigrun fait son chemin entre piano, concerts et culture, mais aussi entrainements néo nazis et portée aux nues d'Hitler et du nationalisme. Son comportement fait beaucoup penser aux complotistes durant le COVID: Pour elle, l'holocauste n'existe pas, les autorités et étrangers l'ont inventée pour amoindrir la puissance allemande, le journal d'Anne Frank est truqué. Les vrais allemands sont victimes d'une immense machination et sont les seuls à s'en rendre compte. Finalement, ne pouvant choisir, elle s'enfuit en Australie, et KAspar suppose, avec espoir, qu'elle se consacre au piano et qu'il pourra aller la voir.

Je pense que certains passages de la relations entre Kaspar et sa belle-fille peuvent sembler invraisemblables. Sigrun détonne par rapport aux jeunes filles de son âge, et la fanatisation semble exagérée. Mais la finesse, la douceur de leur relation est très prenante. Kaspar se pose beaucoup de questions, il les partage avec le lecteur, on a presque envie de l'aider et de l'encourager !

A lire absolument pour décourvir un pan de l'hisoire allemande, sous une forme sublite et romanesque.