de VIGAN Delphine - Rien ne s'oppose à la nuit

Ce livre raconte l'histoire de la mère de l'auteur, Lucile, depuis son enfance dans une famille nombreuse, jusqu'à son suicide à 60 ans. 

Lucile est une enfant silencieuse, avec un visage d'ange, elle sera d'ailleurs photo-modèle jusqu'à la puberté. Elle grandit dans une famille nombreuse à Paris, parmi ses 6 frères et soeurs, un peu livrés à eux-mêmes. Leurs parents Liane et Georges les élèvent dans la bonne humeur, le désordre au milieu des cousins, des invités et des grandes vacances à la campagne. Une année, un drame survient: l'un des frères meurt noyé en tombant dans un puits. L'émotion est forte, les parents adoptent aussitôt un enfant battu, Jean-Marc, pour le remplacer. Celui-ci, traumatisé par les mauvais traitements a du mal à se faire une place dans la fratrie qui ne veut pas de remplaçant à leur frère, mais grâce à Lucile il s'intègre doucement. Cela n'empèche pas les parents de partir en week end à Londres en laissant leurs 7 enfants de 11 ans à 18 mois seuls à Paris ! Après cette enface globalement heureuse, Lucile se marie, Delphine et Manon naissent. Des drames surviennent et des vérités difficiles apparaissent : les rapports incestueux de Georges avec ses filles, dont il semble que Lucile ait beaucoup souffert, et le suicide de 2 de ses frères. Lucile se sépare de son ami, fume, boit, déménage sans cesse et élève ses filles seules, les laissant gérer et s'occuper de tout. Elle s'enfonce et ses filles gèrent tout toutes seules, la réveillent le matin, la poussent à aller au travail, font les repas et les courses. Le passage sur la mère idéale est vraiment poignant P211. Les relations se détériorent, Lucile dépense et distribue son argent, débusque des complots dirigés contre elle. Un jour elle plante des aiguilles autour des yeux de Manon et veut l'assomer avec une planche. C'est la première crise violente, très choquante pour les filles qui finissent par demander de l'aide. Périodes d'internements et période douces se succèdent jusqu'au suicide de Lucile.

Delphine de Vigan continue à aimer sa maman, même si une grande lassitude s'empare d'elle. Elle dénonce le problème de la bipolarité, à la fois mal soignée et mal comprise. Le récit est très poignant, très fin psychologiquement. On éprouve beaucoup d'empathie pour cette mère et ses 2 filles qui traversent tant d'épreuves. A lire absolument!