KHADRA Yasmina - Ce que le jour doit à la nuit

Younes, un petit Algérien de dix ans, vit avec ses parents et sa sœur. Après l'incendie criminel de leur récolte, ils sont ruinés et doivent quitter leurs terres pour trouver du travail en ville à Oran. Réfugiés à la ville, c'est toujours la lutte pour la survie, avec un père dont l'orgueil oblige à refuser toute aide. Ne pouvant subvenir à ses besoins, il décide de confier son fils à son frère, pharmacien, marié à une Française. Younes devient Jonas et intègre une communauté de roumis c'est-à-dire des Français vivant en Algérie, les futurs « pieds-noirs ». ll grandit au milieu de jeunes Blancs, oubliant presque ses origines arabes. Ses amis européens et lui forment une bande d'inséparables. Mais le groupe se disloque à cause d'une jeune fille qui suscite de nombreux désirs et jalousies. Jonas a eu une relation avec la mère de cette jeune fille et s'interdit de l'approcher, sans lui en révéler la raison. Tous deux évoluent dans un monde de tensions et de non-dits. 

La révolution est en marche, Jonas est tiraillé entre sa vie, ses amis (le colonialisme) et son empathie pour les Algériens pauvres et exploités. Incapable de choisir vraiment, le héros est un spectateur toujours victime des situations auxquelles il est confronté. J'ai vraiment eu la sensation que, bien que sage, doux et mesuré, le héros se lamente sur son sort sur toute la longueur du livre. Cela en fait un roman très sombre et défaitiste ! Ce côté m'a un peu pesé lors de la lecture.

En revanche, il faut reconnaître que l'écriture est magnifique, fine, délicate. Les descriptions de l'"Algérie en marche" sont vraiment intéressantes et prenantes. Le lecteur a l'impression de vivre les contractions du héros, qui finalement déçoit par son manque de prise de position plus affirmée et sa quête de l'amour qu'il se refuse à lui-même.